Ô ma mère
Toi qui m'a enfantée
Toi qui m'a chérie
Envers et contre tout
Envers et contre tous
Je ne t'ai pas assez aimée
Je ne t'ai pas assez chérie
Tu me le disais pourtant souvent
Tu verras quand je ne serai plus là
Tu me regretteras
Ô combien je te regrette
Tu es présente dans mon cœur
Tous les jours que le bon dieu donne
Ma peine est immense
J'aurais dû comprendre
Que tu m'aimais
Par-dessus tout
Que tu me chérissais
Même si tu avais du mal à l'exprimer
La maladie t'empêchait
D'être là à mes côtés
Lorsque je pleurais
Comme je l'ai prié
Pour que tu guérisses
Ce bon dieu silencieux
Je ne savais pas quel mal te rongeait
Personne n'en parlait
On disait Ah Françoise fait sa crise
Mais de quoi
Mamie et Papi n'ont jamais questionné
Pourtant quand ils appelaient le médecin
Et qu'on te maîtrisait avec peine
Et qu'on t'emmenait en ambulance
Hurlant
Ils devaient bien savoir au fond d'eux
Que tu ne guérirais jamais
Ils m'emmenaient te voir
Au Centre Abbadie à Bordeaux
J'avais tellement de peine
À te voir cassée
Par les électrochocs
J'avais quatre ans
Je voulais juste que tu reviennes
À la maison calme et en paix
Mais ils te gavaient
De toutes sortes de médicaments
Et le plus souvent
Ils ne marchaient pas longtemps
Les crises s'enchaînaient
Mamie pleurait et partait au lit
Ou sur son vélo et me disait
Je vais me jeter sous le train
Je n'en peux plus
Je criais
Non Mamie
Je t'en prie
Ne m'abandonne pas
Mais elle partait perdue
Je me réfugiais auprès de mes lapins
À la funeste destinée du repas du dimanche
Je pleurais tellement
Je priais tant
Mais le bon dieu
Nous avait oubliées
Toi, moi, Mamie
Ô ma mère
Ô combien je regrette
De n'avoir pas compris ta peine
Comme j'aurais aimé
Savoir, connaître ce mal
Qui te consumait
Mais le fleuve de la maladie
T'emportait loin de moi
Dans ses remous
Ses torrents de boue
Tes hurlements résonnent
Encore et toujours à mes oreilles
Comme j'aimais les rares accalmies
Quand on allait se promener
Dans les vignes aux alentours
Et que tu me racontais
Les histoires du passé
Tu aimais tant ta grand-mère
Et les quelques moments
De joie avec tes cousins
Qui t'appelaient Fanfan
J'aimais ces dimanches
Quand tu nous cuisinais
Tes bons plats d'antan
Et que papa nous faisait rigoler
Hélas je ne t'ai pas assez aimée
Ma chère Maman
Ô combien je le regrette
* * *
©MA_Read
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