Cette question a été posée au groupe de parole de L'UNAFAM.
Perso, j'ai la chance d'ĂȘtre en invaliditĂ© mais j'ai travaillĂ© pendant 40 ans bon grĂ© mal grĂ©. Bref, si tu n'as pas la pression de devoir aller au boulot, c'est plus facile. Si par contre tu dois absolument te prĂ©parer pour y aller et arriver Ă l'heure, c'est compliquĂ©. Si tu sens que ça va pas, alors va voir ton mĂ©decin aussitĂŽt que possible. Il y a des chances qu'il te mettra en arrĂȘt. C'est pas la peine de faire le brave car c'est ton corps et ton cerveau qui t'envoient des signaux d'alerte. Il faut les Ă©couter...
Donc j'en reviens Ă mes astuces. DĂ©jĂ le matin quand je me rĂ©veille, je m'Ă©tire en faisant du yoga. Ăa m'Ă©vite de gamberger et ça m'oblige Ă me concentrer sur mon corps.
Ensuite, c'est cafĂ©-clope ! Bon, je sais, c'est pas bon pour la santĂ© mais lĂ on parle de s'en sortir avec une grave pathologie psychique. Quand tu te dis, wow je suis encore vivant, ça c'est dĂ©jĂ un exploit ! Mais j' ai consultĂ© la tabacologue Ă l'hĂŽpital pour envisager l'arrĂȘt. Il serait temps !
Ensuite je traĂźne en pij car la douche tout de suite demande trop d'efforts.
S'il y a du soleil, j'ouvre la fenĂȘtre, et je regarde au loin. Si t'as pas la chance d'avoir une jolie vue, ouvre quand mĂȘme la fenĂȘtre; l'air frais fait du bien.
Passage obligé, je prends mes médocs. Là tu te dis, P*****! Encore ces saletés à avaler mais bon tu sais que si tu les prends pas, tu vas descendre en enfer...
Ensuite, je mets de la musique, en gĂ©nĂ©ral des chĆurs ou de la musique classique. Le matin, j'ai pas envie d'Ă©couter du rap ou du rock ! đ
Puis, je lis les news sur Google paramĂ©trĂ©es selon mes sources ou mes centres d'intĂ©rĂȘt. Parfois, je partage.
Ensuite, je mange mon petit-déj, céréales muesli et boisson au lait d'amande, avec des fruits. C'est important de bien manger, ça contribue à notre stabilité.
Et voilà une autre journée devant moi mais je suis encore vivante et je me félicite de mon courage ! J'ai des passions, alors c'est cool car j'ai le temps de m'y consacrer: photographie, cinéma, écriture. D'autres font du sport, de la peinture, de la musique, du jardinage, du bricolage, chacun son truc !
J'ai perdu mon chien bien-aimĂ© qui m'a aidĂ© Ă traverser les Ă©preuves durant 14 ans et il a laissĂ© un grand vide. Si tu as la chance d'avoir un animal, rĂ©jouis-toi et remercie-le de te tenir compagnie. Les animaux sont nos plus grands amis ! đ
J'ai d'autres amis, des vrais qui sont là pour moi. Je les vois souvent car ils sont ma béquille. Si tu vis en couple ou en famille, c'est trÚs important de leur faire comprendre que ce n'est pas facile de vivre avec une grave maladie psychique et que tu fais de ton mieux. Si tu les as parfois blessés, c'est que tes émotions ont débordé, mais que tu ne voulais pas leur faire du mal. Dis-leur que tu n'as pas besoin de leur pitié mais de leur bienveillance ! Demande-leur de te laisser des temps de répit quand tu en ressens le besoin et dis-leur de veiller sur toi en te disant comment ils te voient en toute occasion sans juger. Ils ont une vue objective alors que nous, on n'est pas toujours conscients des phases d'accélération. Discute d'une conduite à tenir et des actions à prendre en cas d'urgence. Es-tu d'accord de te faire hospitaliser si nécessaire ? Tu sais que tu peux aussi demander une thérapie familiale. C'est cool ça quand on peut communiquer tous ensemble ! Si tu as des enfants, n'hésite pas à parler de tes souffrances. Les enfants comprennent parfois mieux que les adultes! Adapte ton discours à leur ùge. Il existe des BD qui expliquent les choses simplement.
Essaie de voir ton thĂ©rapeute le plus souvent possible Ă moins que tu n'en ressentes pas le besoin. J'ai des amis qui ne consultent qu'une fois par mois ou tous les trois mois. C'est possible en prenant tes mĂ©docs rĂ©guliĂšrement. Tu sais trĂšs bien que chaque fois que tu les arrĂȘtes, tu plonges ... Fais gaffe Ă l'alcool ! Ăa fait pas bon mĂ©nage avec les mĂ©docs, mais bon on est tous plus ou moins passĂ©s par lĂ quand la souffrance Ă©tait trop intense... T'inquiĂšte, je comprends !
Apprend à gérer ton quotidien ! Fais de la psychoéducation ! Participe à des groupes d'entraide mutuelle (GEM)! Va aux groupes de parole pour partager ton expérience ou tes souffrances ! Demande à tes proches de t'accompagner, ça leur ouvrira les yeux! On y discute problÚmes d'addictions diverses, hypersexualité, dépenses inconsidérées, alcool, cannabis, jeux, irritabilité, effets secondaires des médocs, prise de poids, dépression, manie, anorexie, boulimie, astuces pour gérer, bref toutes sortes de problématiques communes à tous les bipolaires...
Au point de vue matĂ©riel, si tu as des difficultĂ©s financiĂšres, parle Ă une assistante sociale. Demande des aides. Va Ă la MDPH. Pense Ă la possibilitĂ© d'ĂȘtre mis sous protection juridique si nĂ©cessaire. Demande la RQTH afin d'avoir des horaires amĂ©nagĂ©s !
Si tu es en activitĂ© Ă plein temps, je te dis un grand bravo, et si tu es Ă mi-temps bravo aussi. Si tu es en mi-temps thĂ©rapeutique, c'est que tu en as besoin, alors c'est bien. Si tu t'occupes de tes enfants, un grand bravo aussi, c'est pas facile quand on est souffrant. Si tu es en invaliditĂ©, super tu as raison de prendre soin de ta santĂ© mentale. Franchement, je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir 40 ans Ă travailler... đ€
Si tu es Ă©tudiant, pense Ă toi en premier, demande des dĂ©lais pour remettre tes devoirs. Si tu es encore au lycĂ©e et que tu n'es pas sĂ»r pourquoi tu es en souffrance et que tu n'arrives pas Ă suivre, parle Ă l'infirmiĂšre ou Ă ton gĂ©nĂ©raliste. Ils te rĂ©fĂšreront Ă un spĂ©cialiste, soit un psychologue, soit un psychiatre. Si tu es Ă la retraite, gĂ©nial, profite bien de ton temps pour toi. Il est prĂ©cieux parce qu'il est comptĂ©. FĂ©licite-toi d'avoir tenu le coup jusque-lĂ ! đ
Et enfin, si tu es Ă l'hĂŽpital, c'est que tu n'arrivais plus Ă fonctionner, alors tu es en sĂ©curitĂ© et tu vas pouvoir te remettre tranquillement. Je sais, c'est dur d'ĂȘtre enfermĂ© mais on fait parfois des rencontres intĂ©ressantes ! Riches et profondes avec des gens qui comprennent ta souffrance. â€ïž
VoilĂ , je tenais surtout Ă te dire de ne jamais culpabiliser quoiqu'il arrive. Tu fais de ton mieux mĂȘme si les proches ou les amis pensent que tu devrais te bouger un peu plus ou te calmer...
Moi, je te comprends, mais il m'aura fallu une vie entiĂšre pour me comprendre moi-mĂȘme ! đ
Auteur : Bipolaire On Air
[Remarque : J'ai tout mis au masculin par facilité, mais je m'adresse à tous et à toutes bien évidemment]
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