Accéder au contenu principal

🧐Stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques dans les médias

J'ai travaillé pendant deux jours afin de retranscrire par écrit le plus fidèlement possible l'intégralité d'un reportage d'une heure et demie parce que les mots écrits ont plus d'impact. Je ne souhaite pas partager le documentaire car je le trouve stigmatisant. Le choix des mots n'est pas anodin. À la fin du reportage, les spectateurs auront une très mauvaise image des personnes souffrant de troubles psychiques.

Auteur : Bipolaire On Air


Des milliers de vues sur Youtube et je ne sais combien le jour de la diffusion et en replay ! Large audience 


Il m'a semblé important de publier ce transcript. Ce ne sont pas mes mots mais ceux de la voix off dans le reportage ! Vous y lirez la présentation d'introduction par la speakrine, la voix off, la description des lieux et les interactions des personnages, des dialogues divers entre les patients et les psychiatres, la Commission, le juge, bref c'est comme si vous y étiez... 

C'est une publication extrêmement longue qui vous prendra certainement deux jours à lire ! 😉


Titre du documentaire

UMD

Un an chez les fous les plus dangereux 

Zone interdite M6 reportage


Titres

Ils sont fous

Dangereux 

Incontrôlables 


La présentatrice annonce: 

Enfermés dans des unités spéciales 

Comment les soigner

Quelle est leur place dans la société ? 

Ce soir nous explorons l'univers de la folie dangereuse, des malades qui ont tué ou qui pourraient passer à l'acte, voilà pourquoi ils ne sont plus gérés en hôpitaux psychiatriques, ni en prison mais dans des UMD, UNITÉS POUR MALADES DIFFICILES

Vous connaissez peut-être celle de Villejuif ouverte en 1910, la plus ancienne mais on en compte aujourd'hui une dizaine pour 610 patients enfermés, des hommes et des femmes enfermés de force par le préfet dans ces lieux hyper-protégés, hyper-surveillés, où l'encadrement médical est maximal. On y trouve une majorité de schizophrènes mais aussi des retardés mentaux, et des psychopathes et un séjour moyen c'est 6 mois mais pourtant certains y passeront toute leur vie à raison de 420 euros par jour de prise en charge. 

Alors que deviennent ces malades ensuite ? Sont-ils suivis, soignés ? Terminent-ils dans la nature ? Nous en parlerons tout-à l'heure sur le plateau avec Alexandre Barata, psychiatre. 

Mais commençons par cette enquête saisissante et émouvante que nous déconseillons aux moins de 12 ans. Elle est signée Laurence Deleure pour Ligne de mire et Zone interdite. 


*  *  *


Voix off

A 4 km d'Albi dans le sud de la France 


Malades psychiatriques dangereux atteint de schizophrénie, de paranoïa, de psychose infantile, internés ici parce que la maladie les a rendus violents: coups, tentatives d'étranglement, meurtres. 

Homme dangereux qui se prend parfois pour un animal et doté d'une force herculéenne

Des marginaux abîmés par des années de squat et de rue

Comportements qui font peur, qui potentiellement d'après le psychiatre peuvent amener des problèmes, voire des passages à l'acte


Le malade arrive en ambulance, le Comité d'accueil est impressionnant, 6 infirmiers, aide-soignants et agents de sécurité, ils veulent montrer d'emblée que la force est de leur côté ! Samir, 33 ans, sort attaché sur un brancard. C'est le protocole, Samir est emmené directement en chambre d'isolement. Quatre murs nus, un lit et une caméra branchée en permanence. Il doit y passer au moins 24h. Des contentions, cad des sangles au cas où le malade commencerait à s'agiter. Samir était devenu ingérable dans son service psychiatrique. Les deux infirmiers qui s'occupaient de lui jusqu'à présent vont décrire à l'équipe le comportement inquiétant de ce patient. Maintien systématique en chambre d'isolement et mise sous Contention. Il démonte tout, fracasse tout, se prend pour un chien, mord, énorme dangerosité, peut exploser à tout moment. Un cas extrême y compris pour des soignants expérimentés. C'est à quatre qu'ils retournent le voir. Pas question de mêler Samir aux autres patients. Dans les jours qui viennent, les soignants et les psychiatres vont observer son comportement. Pour le moment, il ne peut donc sortir que dans cette cour grillagée aux murs épais. 


5 UMD comme celle-ci ont ouvert depuis novembre 2011. La France compte désormais 650 lits contre 250 auparavant. Si ces UMD se sont multipliées, c'est à cause d'un meurtre qui a fait les grands titres des journaux télévisés il y a plus de 5 ans. Une tragédie à Grenoble où un étudiant est mort sauvagement poignardé en pleine rue par un déséquilibré et échappé d'un hôpital psychiatrique. Le crime qui a eu lieu en pleine ville de Grenoble a fait grand bruit. Nicolas Sarkozy alors Président de la République convoqué immédiatement plusieurs de ses ministres. Quelques jours plus tard il annonce un plan de sécurisation des hôpitaux et surtout la création de ces nouvelles unités censées protéger la société de ces malades dangereux. 

A Albi, l'équipe a accepté que nous suivions leur travail pendant plusieurs mois au plus près des patients avec notre caméra. 


Graphique comportant ces mots envoyant un message subliminal: 

Enfermés 

Aliénés 

Forcenés 

Psychose

Démence 

Fous

Paranoïaques 

Obsession 

Confusion

Délirant 

Camisole

Bizarre

Delirium

Asile

Meurtres

Psychiatres


Établissement 

Prison avec de hauts murs d'enceinte de plus de 4 m de haut, des murs en béton armé, 21 caméras, des grillages autour de chaque cour, des zones ultra-securisées, des agents de sécurité, des sas, vidéo surveillance constante et des appareils de communication que les soignants portent sur eux en permanence, et destinés à donner l'alerte en cas d'agression, des cellules capitonnées, avec un lit fixé, un petit bureau et un tabouret fixé, volets télécommandés de l'extérieur de la cellule, fermeture des portes à 20h, extinction des lumières à 21h, ouverture le lendemain à 7h. 

Les malades font les cent pas dans les couloirs où s'assoient parterre. Quelques activités de dessin et collage, jardinage, basket selon les disponibilités des soignants, de l'ergothérapeute et de l'éducateur sportif. 

Prise de médicaments 5 fois par jour et en si besoin. 

Infantilisation des patients par les soignants. 

Mise en isolement et sous contention fréquentes. 

Pas d'objets personnels, ceux-ci sont mis sous clé 

Visites de la famille réglementées et rares. 

Évaluation des patients grâce à des logiciels sophistiqués qui donnent le choix de nombre de comportements "inadaptés" 


Voix off

Cela fait 4 mois que notre caméra a pénétré dans l'unité d'Albi. Samir à passé 2 mois en isolement. Mais désormais, les soignants le sortent pour le mêler aux autres, un vrai progrès. Les soignants arrivent à le recadrer plus facilement. 


Peuvent-ils mener une vie normale une fois dehors? Le psychiatre répond, oui c'est possible mais ils ne sont pas à l'abri d'une décompensation encore plus grave malgré le traitement et le suivi. Malheureusement, ce sont des pathologies qu'on ne guérit pas. Une décompensation, cad une nouvelle crise très aiguë durant laquelle le patient perd le contrôle de lui-même. 

Dans ces conditions, n'est-il pas risqué de le laisser sortir ? Cette décision, ce n'est pas le psychiatre qui va la prendre. Une commission de médecins décide de la sortie des patients et rencontre le malade. Des psychiatres extérieurs à l'unité, nommés par le préfet, évaluent le comportement, les mots choisis pour s'exprimer, l'état de santé et l'éventuelle dangerosité. Le psychiatre veut d'abord s'assurer que le patient reconnaît qu'il est malade. S'il est revenu dans la réalité, la Commission composée de 5 médecins est favorable à la sortie. 

Certains malades évoluent, d'autres régressent. 


Le juge des libertés rend visite à certains malades afin de déterminer s'ils ne sont pas détenus abusivement. Un avocat commis d'office défend le malade. Le juge s'en remet quasiment toujours à l'avis des psychiatres et maintiennent l'hospitalisation. Depuis l'ouverture de l'unité, le juge a confirmé le bien fondé de toutes les hospitalisations. 

Conversation entre un patient qui a passé 25 ans dans la rue, 25 années d'errance, ancien enfant adopté au parcours chaotique, à la rue à 15 ans, une vie sans famille, de la survie, il a du mal à contrôler son impulsivité, minimise sa violence 


Le psychiatre: j'aimerais que vous ayez un comportement plus adulte 

Le patient: qu'est-ce que vous voulez que je fasse quand je me couche à 8h, que je me lève à 7h,que je déjeune à 8h, que je fais rien de la journée, c'est quoi cette question ? 

Le psychiatre: vous faites rien, c'est pas vrai. Je crois qu'on va s'arrêter là pour aujourd'hui, hein ! A bientôt 


A la tombée de la nuit, les malades se retrouvent face à leurs propres angoisses. 

Samir s'adresse souvent à sa mère à travers la caméra, maman je t'aime, un jour je vais rentrer à la maison. 

Tapage dans les couloirs

Les soignants accourent, vous allez en


Arsenal thérapeutique 

Clozapine

Olanzapine

Depakote

Risperidone

Lexomil

Loxapac

Seroplex 


Mots employés 

Asile de fous, d'aliénés

Fous dangereux 

Déments 

Comportements inadaptés 

Contention

Salle d'isolement

Entraînement physique des soignants pour faire face à une agression

Maintenir le patient immobilisé 

Distances de sécurité 


UMD

On compte les couverts après le repas, on conserve les articles de toilette dans des tiroirs fermés, les effets personnels tels que les magazines de Mickey ou autres sont gardés sous clé. Rien ne reste en chambre la nuit. 


Dans une UMD, un patient sur sept arrive directement de prison

Les patients appellent L'UMD le gouffre de la mort

Certains sortent et retournent à l'hôpital psychiatrique

Certains soignants après 6 mois jettent l'éponge, stress, cauchemars, insomnie,

La plupart des patients sortent après 6 mois mais certains délirants, violents restent. Ce qui les enferme ce ne sont pas les murs et les grillages, c'est leur maladie à jamais. 


Les patients viennent de toute la France hospitalisés de force par les préfets. 

Clément un homme de 32 ans sans histoires, une compagne, un travail, puis brutalement une bouffée délirante aiguë, hospitalisé, le jeune homme se retrouve au milieu des fous, l'angoisse l'envahit, il veut s'échapper, un infirmier veut l'en empêcher, il l'agresser et le blessé sévèrement au visage, Clément s'enfuit et menace de se jeter du haut d'une grue, le préfet et les médias sont prévenus, au nom de la tolérance zéro la sanction tombe, Clément est interné de force à L'UMD. 


Une pièce de 9 m carré, un lit, un bureau et un tabouret, le tout scellé au sol. Deux mois et demi qu'il est là dans cet hôpital /prison selon ses dires. L'homme s'habitue à tout dit-il. Le corps de Clément est très figé, comme un automate, il marche lentement, il parle lentement, résultat du lourd traitement administré par le précédent hôpital à la suite de son aggression. Les infirmiers se réunissent. Clément est dans la banalisation par rapport au passage à l'acte. Pour sortir de ces murs, Clément va devoir mettre des mots sur l'agression violente qu'il a commise. 


Une alerte, un patient pense qu'on lui a pris sa revue de moto. Crise. Risque d'un clash et d'une réaction inadaptée d'après l'infirmier. Cyril très perturbé tient à prendre son "si besoin" pour calmer ses angoisses. Cyril n'a pas revu sa mère depuis 3 ans. raconte qu'il était battu enfant par son père jusqu'au sang, une brutalité qui en a engendré d'autres. Cyril est arrivé à L'UMD après avoir tenté d'étranger 4 infirmières avec le cordon du téléphone. La moindre frustration peut provoquer la colère chez lui et entraîner un déchaînement de violence. 


Les infirmiers ayant suivi un entraînement physique de réponse à la violence disent qu'ils ne veulent pas se laisser massacrer. Tous les ans dans les UMD des membres du personnel sont victimes d'agression physique. Mais ils ont choisi d'y travailler malgré ce risque de violence. 


Ils vont se rendre compte que la sécurité des lieux n'est pas aussi optimale qu'ils le pensaient. 

Samir a défoncé la porte de sa chambre et s'est enfui. La femme de chambre l'a entendu dans le couloir, s'est cachée et a donné l'alerte. Samir à été remis en isolement. Elle déclare ne pas être peureuse. Elle dit à Samir: Samir, je suis pas contente, tu as tout cassé, tu crois que c'est bien ? Samir répond que Baghera s'est lâchée. 

Le psychiatre convoqué Samir ce n'est pas la première fois qu'un patient enfonce une porte. Samir tient des propos délirants et fait un bruit effrayant de monstre em agitant ses bras comme dans le tube Thriller. Le psychiatre lui dit qu'il va devoir retourner en isolement et lui dit d'arrêter de tout fracasser. 

La voix off nous dit qu'il a passé la moitié de sa vie en isolement, son dernier séjour dehors c'était il y a 6 ans le temps de se marier et de faire un enfant. Deux mois après son arrivée nous constatons qu'il est toujours aussi agité. Que faire avec un tel patient, son psychiatre s'interroge. Je viens de modifier le traitement pourtant assez conséquent. C'est cyclique, dit-il, parfois on a l'impression qu'il est plus accessible, moins agité, et puis d'un coup, on sait pas pourquoi c'est reparti. C'est pas gagné, on va voir. C'est un patient d'UMD. 


La famille de Clément est autorisée à lui rendre visite tous les 10 jours. Ils sont à 3 heures de route. La famille lui parle sur un ton enfantin. Ils ont apporté une radio et des friandises, des affaires qui seront contrôlées avant d'être remises au patient. Ils n'ont le droit que de rester 3/4 h. Sa mère et sa compagne sont optimistes et donnent l'impression que Clément pourrait bientôt reprendre une vue normale. Clément est bien entouré, la plupart des patients ne reçoivent aucune visite. 

Derrière les murs, le silence, on est loin des clichés sur les asiles de fous, l'endroit est étrangement calme. La sécurité, les chambres individuelles, l'effectif important du personnel y contribue énormément. Mais l'autre pilier, ce sont les médicaments que les patients prennent 5 fois par jour. Il y en a 2 armoires pleines à l'UMD. La journaliste pose la question à l'infirmière, à savoir si les patients ne prenaient pas tous ces médicaments, comment seraient-ils ? Je préfère pas y penser, répond l'infirmière. Si certains sont là ajoute-t-elle c'est parce qu'ils prenaient pas de médicaments. 


Pourtant les patients ne prennent pas plus de médicaments ici que dans des services de psychiatrie classique. 

La sécurité des lieux permet même un arrêt complet pendant quelques jours, voire quelques semaines. En arrivant, les patients absorbaient tellement de médicaments qu'on ne savait plus lesquels étaient efficaces. Alors on reprend tout à zéro pour faire du sur-mesure pour chaque patient. C'est un des avantages des UMD, les services classiques ne peuvent pas se le permettre. 


La journée s'étire lentement. Certains patients déambulent dans les couloirs sans raison, d'autres restent prostrés parterre. 

Les soignants ont moins de temps à consacrer aux patients. Depuis que nous avons commencé à filmer, vingt patients de plus sont arrivés. L'unité est désormais au complet. Du coup, ils sont plus vigilants, sur leurs gardes. Mais ils disent que certains patients sont attachants. Travailler en psychiatrie c'est particulier et ça laisse pas indifférent. 


Cela fait 4 mois que notre caméra a pénétré L'UMD et Samir à passé deux mois en isolement. Et désormais les soignants le sortent pour le mêler aux autres, un vrai progrès. 

Samir, on peut être calme, on met les babouches ? Si Samir est un des malades les plus lourds, c'est aussi l'un des plus attachants. 

Samir est agité. Samir, si ça commence comme ça, vous sortez pas. C'est possible d'être sage, de pas faire n'importe quoi ? D'accord ? Promis ? Samir continue de s'en prendre au matériel mais son état s'améliore petit à petit. Les soignants arrivent à le recadrer plus facilement.

 

L'état de Clément s'améliore aussi et le psychiatre envisage une sortie. Clément a travaillé avec la psychologue. Le psychiatre l'avertit que le suivi et les médicaments sont très importants. La journaliste demande s'il peut mener une vie normale mais le psychiatre répond qu' il n'est pas à l'abri d'une décompensation encore plus intense et plus grave malgré le traitement et le suivi. Malheureusement ce sont des pathologies qu'on ne guérit pas. Une décompensation cad une crise très aiguë durant laquelle le patient perd le contrôle de lui-même. Dans ces conditions est-il prudent de le laisser sortir ? Cette décision ce n'est pas le psychiatre qui va la prendre. Quelques jours plus tard, la Commission de psychiatres extérieurs à l'unité vient le rencontrer. 

Les psychiatres qui l'examine to sont favorables à sa sortie et vont devoir convaincre les 3 autres psychiatres nommés par le préfet et qui ne connaissent pas le patient. 


Sacha vient juste d'arriver d'un hôpital psychiatrique voisin. C'est le seul patient qui aie accepté d'être filmé à visage découvert. Il n'est pas sous tutelle et a donc son libre arbitre. L'ergothérapeute lui propose d'aller jardiner, un petit coin de nature entre deux grillages. 

Sacha se retrouve ici car ïl a menacé un soignant dad's son hôpital d'origine. Auparavant ce gaillard d'1,95m avait séquestré la vieille dame qui l'avait recueilli.

Il raconte qu'il était à la rue et qu'il a un fils de 21 ans. Sacha joue avec sa pioche. L'infirmière prend immédiatement ses distances. Il explique que ça fait trois ans qu'il a pas vu son fils. Elle voit qu'il n'a aucune intention agressive et se rapproche. Elle lui demande comment il a perdu un doigt. Il répond qu'il était énervé et a tapésur un plat. J'étais énervé contre la mamie qui m'a accueilli. La journaliste pose la question de la dangerosité des outils. L'ergothérapeute explique que quand ils sont concentrés sur une activité, il y a moins de risques. 


A quelques mètres de là, Samir fait du basket avec l'éducateur sportif pour l'aider à se poser. Samir marque les quinze essais du parcours et reste calme grâce à la technique bien rôdée de l'éducateur sportif. 

Samir va rencontrer le juge des libertés et sa greffière. Depuis 2011,le juge des libertés doit vérifier si les patients ne sont pas hospitalisés abusivement. Le magistrat lui explique la raison de cet entretien et le questionne au sujet de ses contemporains agressifs. Samir répond qu'il ne tuerai jamais personne. L'avocat commis d'office joue le procureur et explique que Samir ne pourrait bénéficier de soins efficaces en milieu ouvert. Il est pour le maintien en UMD. L'avocat prend la défense de la société plutôt que celle de son client. Le juge s'en remet toujours à l'avis des psychiatres. 

Lorsque les pathologies sont lourdes et avérées, dit-il, le maintien en hospitalisation est nécessaire. 

Depuis l'ouverture de l'unité, le juge a confirmé le bien-fondé de toutes les hospitalisations. 


Sacha l'ancien boxeur, une vraie force de la nature, aimé bien provoquer les autres malades, les impressionner avec sa carrure. L'infirmier intervient pour éviter le contact physique. En entretien avec le psychiatre, nous découvrons une toute autre personne, un marginal abîmé par 20 ans de rue. Sacha dit qu'il n'a violé personne, qu'il n'a voulu tuer personne et qu'il ne se sent pas dangereux. J'ai juste poussé un infirmier. Le psychiatre rétorque qu'il peut avoir des comportements qui font peur aux autres. Sacha explique que dans la rue, on peut pas se laisser envahir. Le psychiatre lui dit qu'il aimerait qu'il adopte un comportement un peu plus adulte. Sacha décrit ses journées et dit que c'est difficile. 

Le parcours chaotique et la franchise de Sacha le rendent touchant même s'il minimise toujours sa propre violence. 


Samir s'adresse à sa mère à travers la caméra. Je t'aime maman. Tu vas voir, je vais bientôt sortir. 


Bruit fracassant dans le couloir. Jean-Marc est énervé, c'est un patient extrêmement délirant. Les infirmiers l'emmènent en "chambre". Jean-Marc crie que la Reine d'Angleterre est en bas et que les soignants sont des gens lamentables. Jean-Marc est isolé du reste du groupe pour éviter l'escalade. 


Un jour de mars, l'UMD vit un de ses succès. Clément quitte l'UMD. Clément quitte ce cauchemar dit-il pour une nouvelle vie. C'est l'heure de retrouver certains objets du quotidien, les lacets et les ceintures. 

Dernier adieu à Vincent son copain incarcéré pour le meurtre de sa femme qui a été temporairement placé à l'UMD car très agité en cellule. Dans les UMD un patient sur sept arrive directement de prison. Vincent lui dit qu'il est content qu'il sorte du gouffre de la mort, le pire endroit pour lui. 

Clément va rejoindre son hôpital d'origine à 700 km, il ne sait pour combien de temps. Les infirmiers lui font une haie d'honneur. 


Il n'y a pas que les patients qui quittent L'UMD, un aide-soignant vient de jeter l'éponge après 6 mois en burn-out. Il avoue avoir eu peur. Il a rejoint un service de psychiatrie classique. 


Les parents de Samir lui rendent visite anxieux. Leur dernière visite remonte à 4 mois. Samir les réconforte. Il est calme mais délirant. La visite dure une heure. Les parents repartent le cœur gros. C'est dur de voir son propre enfant enfermé demande la journaliste. La chose la plus pénible qu'il soit pour des parents répond la mère. Cette mère a eu sa part de malheur, trois des cinq enfants ont des problèmes psychiatriques. 


Sacha est optimiste, il doit passer devant la Commission et se voit déjà dehors. Sacha est confiant pourtant il a récemment agressé un patient. Il dit en souriant avoir planté une fourchette dans le bras de Samir. Selon lui c'était pas méchant. Il m'a énervé alors hop. Selon les soignants le geste n'était pas trop violent. Le psychiatre souhaite que Sacha sorte pour laisser la place à plus dangereux que lui. 


Samir est hospitalisé depuis 6 mois. La loi oblige à ce qu'il soit examiné par la Commission. Le psychiatre explique qu'il était angoissé quand il ne savait pas ce qui allait se passer au cours de la journée et à décidé de lui faire un planning et son état s'est amélioré. Disparition des auti-mutilations, de la dégradation du matériel, une meilleure concentration lors des activités, et un meilleur contact avec les autres patients. Le médecin trouve que Samir va mieux mais est-ce suffisant pour qu'il parte ? 

Deux médecins de la Commission l'examinent. Samir est anxieux, il veut sortir, il fait tout pour les séduire. 

Il parle de ses projets. Au bout d'une demi heure, le psychiatre lui explique qu'il ne faut pas risquer une rechute en voulant aller trop vite. Samir est déçu. Le psychiatre explique qu'il n'est pas là pour lui faire plaisir mais pour que le projet de sortie aie le maximum de chance de réussir. Samir dit: laisse tomber ! Il claque la porte et les infirmiers l'emmène tu dans sa chambre avant qu'il ne devienne incontrôlable. Ils lui disent : c'est un peu trop fragile, regardez comme vous vous énervez, vous leur donnez raison à la Commission.


Samir se couche dégouté et dit je m'en fous, de toute façon je finirai ici ! 

L'infirmier : "est-ce que ça va aller Samir ? Vœu voulez que je vous amène le " si besoin ", traduction l'anxiolytique. 

Samir: je veux mourir, c'est mieux. 

L'infirmier : non, je suis pas d'accord quand vous dites ça 

Samir: allez je vais dehors

L'infirmier : non, on vous a déjà expliqué quinze fois, vous restez là, reposez-vous un peu, pas de bêtises, on revient dans 5 mns. 

L'infirmier actionné la fermeture télécommandée des volets qui descendent. 

La porte se referme. La clé tourne dans la serrure. 

L'infirmier: j'étais sûr qu'il allait faire un coup ! C'est normal ! 

On entend la voix de Samir: le poste ! 

L'infirmier : dans 10 mns Samir! 


Voix off: la porte de Samir se referme une nouvelle fois. Pour combien de temps encore L'UMD peut-elle le soigner ? Pourra-t-il un jour sortir de ces murs ? Et quelle sera sa place au sein de notre société ? 

La plupart des patients sont sortis au bout de quelques mois pour retourner à l'hôpital psychiatrique ou en prison mais d'autres sont toujours là un an plus tard. 


Ces malades inadaptés, délirants, violents ont parfois une lucidité inouïe comme Cyril. Il est assis dehors, les bras croisés sur la table, la tête baissée reposant sur ses bras. Il parle avec une voix enfantine. 

"je suis malade depuis tout petit, on peut pas soigner ma maladie, parce qu'on a tout essayé. Tous les hôpitaux ont tout essayé, y a plus rien à faire. Même ici ils essayent tout mais ils peuvent pas. 

" Ce qui enferme avant tout Cyril et les autres patients, ce ne sont pas les murs ni les grillages, c'est leur maladie à jamais! "conclut la voix-off d'un ton résigné.. 

Petite musique de fin et vue des patients à travers la grille...


#stigmatisation #santémentale #troublespsychiques

#stopstigma

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

😟« Y a pire comme maladie ! » en parlant de la bipolarité

🤔Réponse à un commentaire sur la page Facebook Bipolaire On Air qui m'a fait sursauter ! « Y a pire comme maladie ! » en parlant de la bipolarité. Ma réaction ! Alors là c'est le genre de commentaire que je déteste ! En fait, depuis toute petite, à propos de tout, dans ma famille on disait, oh arrête de te plaindre ! Y a pire « en Afrique » ou ailleurs... C'était systématique ! Y avait toujours pire ! Du coup j'ai toujours minimisé mes symptômes et je n'ai pas consulté. À l'âge de 40 ans, énorme descente suite au deuil de mon père, hospitalisation, etc ... Donc NON ne dites jamais ça à quelqu'un qui souffre d'une maladie psychique ! La bipolarité est source de grandes souffrances tout comme la dépression, la schizophrénie, ou d'autres troubles psychiques. Les personnes qui « survivent » sont courageuses ! Je fais d'énormes efforts pour rester stable tout comme les patients qui suivent cette page ! Le matin quand je me lève, je suis cassée par le

🌼 Parcours de vie et maladie mentale

Issue d'une famille de paysans dans le Bordelais aux origines incertaines du côté paternel, j'entrai au CP à l'âge de 4 ans dans la petite école de mon village et appris à lire et à écrire en un mois. À l'âge de 8 ans, je découvris avec stupéfaction en fouillant dans un vieux tiroir que mon père était en réalité mon père adoptif et que mon vrai père était un gitan de passage avec lequel ma mère avait passé la nuit à la fête foraine du village un soir d'été et qui avait disparu au petit jour avec les forains ! Le mystère de ma naissance restera irrésolu jusqu'à ce jour ! Jusqu'à mon entrée en sixième à l'âge de 10 ans, mon père adoptif m'offrit un livre par semaine, bibliothèque rose, puis rapidement verte. En sixième, j'appris l'anglais et le latin, langue morte que j'abandonnai l'année suivante par manque d'intérêt. En cinquième, je passai un test d'orientation qui détermina des capacités certaines en logique. Pourtant, m

🫂Tu vis avec une personne concernée par la bipolarité...

Quelques conseils pour aider ton proche vivant avec un trouble bipolaire et pour t'aider à vivre avec ! La maladie mentale n’affecte pas seulement les personnes qui vivent avec. Elle peut également bouleverser les membres de leur entourage, dont toi.  Si tu vis avec une personne souffrant de bipolarité, tu peux ressentir différentes émotions, par exemple de l’anxiété, de la colère, de la honte, de la tristesse. Tu peux aussi te sentir démuni-e face à la situation. Chaque personne réagit différemment. Par exemple : - certains parents peuvent vivre de la culpabilité face à la maladie de leur enfant; - les membres de la famille peuvent se demander si la maladie est héréditaire; - les membres de l’entourage peuvent s’inquiéter et se questionner sur les nouvelles responsabilités qu’ils auront à assumer. Ces réactions sont tout à fait normales. Cependant, si tu vis de la détresse, n’attend pas d’être en situation de crise pour agir. Informe-toi dès maintenant sur ce que tu peux fa