Ce qu'implique le diagnostic de trouble bipolaire !
Lorsqu'on reçoit un diagnostic de "Trouble bipolaire", forcément c'est un choc au système ! On reste ébahi, on "hallucine"! Quoi ? Moi ? Mais non ils doivent se tromper, c'est pas possible. Je suis pas "fou !" T'oublies toutes les conneries que t'as faites... Et bien sûr, le toubib va me gaver de médocs ! Je les prendrai pas ces foutues saloperies !
Revenons au côté médical :
Le psychiatre propose un traitement de fond, soit un thymorégulateur, soit un antipsychotique, ou bien l'association des deux. Il va peut-être ajouter un anxiolytique en si besoin et un somnifère ponctuellement. Les antidépresseurs, il va éviter car ça peut faire partir en virage maniaque quoique certains peuvent être administrés avec précaution.
Après, il y a la question des dosages. Ceux-ci varient selon le type de crise. Les doses sont élevées à l'hôpital car on est sous surveillance H24 et on a des analyses de sang pour vérifier que tout va bien. A la maison, les doses le sont moins en général.
Ensuite, chaque patient a des problématiques différentes, de par son âge et de ses pathologies physiques, on ne peut donc généraliser. On doit être patient le temps que le traitement fasse effet ce qui peut prendre plusieurs semaines et on peut dialoguer avec son psychiatre afin d'ajuster les dosages ou changer de molécules si les effets secondaires sont insupportables. C'est comme le réglage d'un instrument de musique, tout en finesse. Notre organisme répond à chaque molécule différemment. Cela dit, il s'agit d'évaluer le rapport bénéfices-risques.
J'ajouterai qu'il est difficile pour nous de se dire qu'on va prendre un traitement à vie surtout lorsqu'on est diagnostiqué jeune. Et puis aussi, de se rendre à l'évidence que la vie ne sera jamais plus pareille. On doit faire son deuil et c'est très éprouvant. J'étais à la banque hier et je devais remplir la case de mon activité, fonctionnaire, artisan, retraité, etc... Et comme je ne trouvais rien, la conseillère m'a dit : Mettez "invalide" !
Lorsqu'on a un handicap visible, on ne se pose pas la question, c'est comme ça ! Mais lorsqu'on a passé des années à faire semblant que tout allait bien et que tout d'un coup, on nous dit "Vous savez, la bipolarité, est une grave pathologie psychique, il va falloir vous soigner et faire attention, alors là, vous avez envie de hurler, mais non ça va, je m'en suis bien sorti jusqu'à présent.
Mais non en fait, vous savez très bien que la souffrance de vivre était bien là tout le temps mais que vous la minimisiez. Et que les crises étaient éprouvantes pour vous et pour vos proches. Que vous y avez laissé des plumes que ce soit au niveau personnel, financier ou relationnel.
Tout d'un coup, vous vous dites : "Stop ! Je dois me rendre à l'évidence, je suis malade !"
Mais le truc, c'est qu'on peut bien vivre avec la bipolarité si on prend son traitement, que l'humeur se stabilise et qu'on n'est plus soumis à des montagnes russes...
Avec le diagnostic, on peut envisager un avenir plus serein et considérer que notre souffrance sera soulagée. Les médicaments améliorent la qualité de vie en réduisant la fréquence et l’intensité des cycles ainsi qu’en stabilisant l'humeur.
Le psychiatre va nous offrir une psychothérapie en mode rapproché, genre une fois par semaine comme moi, ou moins souvent comme certains de mes amis, une fois par mois.
Je vois un psychologue une fois par mois aussi car j'ai une bonne mutuelle qui rembourse les séances. Il est spécialisé en TCC, les thérapies cognitivo-comportementales qui peuvent nous aider à gérer notre quotidien, le côté relationnel avec nos proches, notre anxiété, nos comportements addictifs ou alimentaires par exemple.
On peut suivre une psychanalyse. En ce moment, Arte TV propose une série "En Thérapie" qui explique un peu de quoi il s'agit. Bon ça reste du cinéma, mais ça donne une idée sur le déroulement et la manière dont ça peut nous aider...
On va suivre des cours d'éducation thérapeutique pour apprendre à détecter les signes éventuels d'une crise, à gérer notre sommeil, notre alimentation, réduire la prise de substances, alcool, cannabis, etc...
On va participer à des groupes de parole et échanger avec nos pairs sur toutes nos difficultés. L'UNAFAM organise des réunions en ligne par Zoom ou Skype.
Les GEM aussi, c'est cool pour faire des activités créatives en groupe.
Les CMP, j'adore ! Tout est regroupé en un seul lieu, psychiatre, psychologue, assistante sociale, infirmières. Moi, j'y vais une fois par semaine pour faire du dessin et de la peinture. C'est génial parce que je me sens entourée, en sécurité avec beaucoup de bienveillance autour de moi et pas de violences comme il peut y en avoir à l'hôpital parfois...
Enfin, maintenant que j'ai reçu ce diagnostic, ben je vais pouvoir en parler un peu autour de moi. Mais seulement avec des gens susceptibles de comprendre et montrer de l'empathie. Nos proches seront pour certains plus à même de nous aider au quotidien.
Je vous le dis, en vérité, à un moment, vous n'aurez plus le choix, et vous choisirez la vie...
Et pour ceux et celles qui n'en voient pas l'intérêt, je vous dis "Courage, on vous aime, restez là pour vous et pour nous, n'abandonnez pas, le chemin est rude mais vaut vraiment le détour...!"
A l'image de ces plantes qui fleurissent dans le désert aride, relevez la tête ! Je vous admire ! 💜💜💜
Auteur : Bipolaire On Air
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