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🧑‍⚕️Petite réflexion autour du thème "établir un dialogue constructif avec son thérapeute"

J'ai mis du temps pour ne pas dire des années à trouver le bon thérapeute. Elle m'avait été recommandée par un psychiatre à l'Hôpital Civil à Strasbourg où elle était interne. 

Notre rencontre a coïncidé avec mon diagnostic de bipolarité à l'âge avancé de 56 ans après des années d'errance thérapeutique et de nombreuses hospitalisations. On me soignait alors pour dépression sévère depuis l'âge de 40 ans mais les phases maniaques passaient inaperçues jusqu'au jour où j'ai commencé à accumuler d'énormes dettes... Ma psychiatre m'a aidée à demander une mesure de curatelle renforcée.

Il ne s'agit pas d'avoir une confiance aveugle en votre thérapeute mais bien au contraire éclairée. On discute beaucoup en séance de mon sommeil, de mes relations sociales actuelles, des effets secondaires éventuels des médicaments, de l'impact de la crise sanitaire, des résultats d'analyse de sang pour le foie et la thyroïde, de la manière de gérer mon quotidien. En ce moment, elle me conseille de me concentrer sur du concret, pas de projets à long terme en ces temps incertains. Actuellement, je suis en invalidité mais lorsque j'étais en activité, on discutait de mes relations professionnelles et d'arrêt si nécessaire. Récemment, ma psychiatre m'a aidée à obtenir la mainlevée de la mesure de curatelle renforcée dont je faisais l'objet depuis cinq ans. Elle a estimé que mon état de santé mentale était stabilisé et cela a convaincu la Juge des Tutelles. Je suis vraiment soulagée car ces cinq longues années ont été très difficiles en tant que majeur protégé avec des contraintes, des restrictions et des humiliations.

En ce qui concerne les médicaments, certains d'entre vous m'ont fait la remarque qu'ils n'avaient pas confiance en leur thérapeute, et que les psychiatres prescrivent trop de molécules à des dosages élevés et qu'ils ne supportaient pas les effets secondaires, notamment la sédation et la prise de poids. J'ai connu ces problèmes ainsi que des séquelles neurologiques. À une époque, en plus des thymorégulateurs, je prenais également des anxiolytiques. Désormais, j'en prends seulement lorsque j'ai des angoisses insupportables en période de stress mais sur de courtes périodes car ils sont addictifs et l'accoutumance est problématique. Autrefois, j'avais mis des mois à arrêter un anxiolytique en baissant le dosage petit à petit. Je souffrais d'insomnie et ça a été très dur.

Désormais, au lieu de mentir et de ne pas respecter les prescriptions, lorsque je ressens des effets indésirables, j'en parle à ma psychiatre. Pendant de longs mois, je refusais systématiquement toute augmentation. Puis, j'ai été hospitalisée encore une fois en 2020 et j'ai réalisé que je me sentais mieux à un certain dosage. C'est plus facile d'augmenter lorsqu'on est surveillé médicalement car on a des tests sanguins réguliers pour voir tout changement. Depuis, j'ai discuté avec ma psychiatre pour baisser légèrement les dosages. Elle était d'accord pour essayer et je vais bien. Mon humeur est stable. 

Ne voyez pas les psychiatres comme des ennemis ou des professeurs infligeant des sanctions ! Les psychiatres, enfin les bons, sont là pour nous aider à nous stabiliser et à nous rétablir. D'où l'importance d'une relation de confiance ! Un véritable dialogue doit s'instaurer. Lorsque je pose une question, ma psychiatre me répond en m'expliquant, ou en me donnant des pistes de réflexion. 

Bien sûr, tous les thérapeutes ne travaillent pas de cette façon. Saviez-vous que vous avez le droit de leur demander des précisions sur leur méthode ? En effet, ils ont différentes spécialités. Si vous avez l'impression de piétiner sur place, de ne pas être entendu-e, alors c'est mieux de changer.

Comme on le ferait avec tout autre médecin, cardiologue, endocrinologue, médecin traitant... Le médecin doit nous écouter, nous entendre, nous éclairer, veiller à notre bien-être, repérer les signes annonciateurs d'une crise, ajuster les dosages lorsqu'on se plaint d'effets indésirables. Notre rétablissement est possible en grande partie grâce à tout cela...

Une séance dure entre 20 et 30 mns, c'est pour cela que je vois un psychologue en complément. Mais j'ai beaucoup d'estime pour ma thérapeute qui est un peu mon ange gardien !

🌸🌸🌸

Je vois mon psychologue spécialisé en TCC une ou deux fois par mois. J'ai la chance d'avoir une bonne mutuelle ! C'est génial car la séance dure une heure et on travaille sur pleins de points qui me posent problème ; on fait le bilan du mois écoulé ; on décide de la méthode pour avancer afin d'aller mieux.

Aujourd'hui, comme d'habitude, on a fait le point sur ce dont on avait discuté à la dernière séance :

 - - mise en place de stratégies pour me protéger des personnes toxiques car je suis très vulnérable ;

- - relations familiales et amicales ;

- - santé mentale et physique ;

- - activités de loisirs.

Et puis, un point en particulier...

- - comment se passe mon sevrage de l'alcool et les relations sociales par rapport aux réunions avec les amis qui consomment...

Je racontais que la plupart de mes amis consomment socialement et qu'en général ils comprennent le fait que j'ai arrêté et ne me poussent pas à boire. Je ne pense plus à boire seule mais c'est vrai que c'est plus difficile en société donc je suis fière de moi de résister.

Ensuite, on a parlé d'activités que j'aime bien ou qui me feraient plaisir. J'adore me promener dans les parcs entre autres activités mais je ne vais plus dans les Vosges comme autrefois depuis que je vis seule. Mes amis ne font pas de sorties. J'ai dit à mon psychologue que le seul endroit où j'oserais aller seule est le Mont Sainte-Odile. En effet, j'ai été agressée plusieurs fois par le passé et je suis toujours sur le qui-vive alors faire de la rando seule, c'est hors de question. Mon psychologue m'a dit d'écrire en détails sur mon journal intime ce qui m'était arrivé et que ça risquait d'être douloureux mais in fine que ça m'aiderait à enterrer mes traumatismes...

Je suis sortie de la séance satisfaite car ça faisait longtemps que tout cela me pesait. Voilà un exemple d'une solution concrète à un problème psychologique. 

En fait, mes thérapeutes me servent de "garde-fous" si je puis dire. Ha ha, le mot est approprié ! J'aimerais vous redonner espoir et confiance en l'avenir même en cette période particulièrement éprouvante !

Auteur : Bipolaire On Air

#santementale #psychiatrie #troublesbipolaires #bipolarité #bipolaire #thérapies #TCC 


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