Lorsque tu sais que tu as été vaincu par la maladie, par cette malédiction
Cette plaie ouverte qui n'arrive pas à se refermer
Lorsque ta famille est maudite
Que la maladie mentale a planté ses flèches empoisonnées dans le dos de tous les humains de ta famille
Lorsque réciter Au nom du père, du fils et du Saint Esprit ne sert plus à rien
Lorsque tu sens tes forces s'épuiser, ton corps inerte
Lorsque ton cerveau ne réagit même plus aux benzo, que ton cœur est lourd, si lourd qu'il t'empêche de respirer
Lorsque la dernière personne qui te parlait encore dans ta famille tous les six mois, te dit d'aller te faire soigner
Là tu comprends qu'il n'y a plus d'issue
Y a-t-il un dieu quelque part qui a décidé que ce serait ta famille qui serait désignée
Que ses membres devraient sombrer un par un, les uns après les autres
Sans salut, sans doute, sans espoir
Que c'était prévu, que ça faisait partie du plan
Qu'il n'y aurait pas d'argumentation, de tergiversations ni de négociation
Que ce serait la solution finale bien ficelée
Un linceul, un cercueil, un christ bien cloué sur sa croix, son front sanguinolent sous les épines bien plantées
Et ainsi de suite, un linceul, un cercueil
Jusqu'à ce qu'il ne reste aucune trace de notre famille
Parce qu'elle a été choisie
Dieu avait joué aux dés, c'est simple et radical
Au début, on est déterminé, on ne va pas se laisser faire quand même
On va se battre
On écoute les psychiatres
On avale ces saloperies qui ralentissent le cerveau
On y croit
On va tout de même pas finir comme les autres
Ce serait pas de chance
Mais quelle chance ?
C'est pas un mot comme il faut
Non le mot qui convient, c'est "accepte" ce que la vie t'apporte avec son lot de malheurs
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort
Mais c'est quoi ce dicton à la con
Ce qui ne te tue pas ben va finir par te tuer
Et y aura rien à faire
C'est comme ça !
Les psychiatres pensent avoir trouvé les solutions pour freiner l'inéluctable
Les pauvres, ils insistent
Vous êtes sur la bonne voie
Continuez à prendre ces molécules
Oh au début ce sera un peu difficile à supporter
Vous prendrez 30 kgs mais si vous faites attention, si vous faites du sport
Ça se stabilisera
Vous perdez votre attention
Oui c'est normal
Mais on vous proposera des ateliers cognitifs
Vous savez, il faut continuer à les prendre ces traitements sinon vous risquez de rechuter
Ah ça c'est le meilleur argument
Non j'ai pas envie de revivre des épisodes qui te feraient vomir si je te les racontais
La violence, ça nous connaît dans la famille
C'est même devenu notre pédigrée
On est des chiens de race dégénérés
On ne nous plaint pas
On dit tout simplement de nous que la folie est dans la famille
Ah tiens j'avais pas encore prononcé le mot
La folie, avec ses maux et ses mots
La folie qui éloigne, dont on ne veut pas parler, que l'on cache
Car elle est bien laide
Dans ma famille, tout le monde est fou mais on n'en parle pas
On disait juste, oh elle fait encore sa crise
On appelait les secours
On se retrouvait entre quatre murs blancs
Parfois sans fenêtres, la porte verrouillée
Je te raconte pas dans quel état tu sors
Famille maudite, famille bénie du diable
Vous avez pourtant refusé d'abjurer la foi
Vous avez vécu le martyre en encaissant
Parce qu'il faut bien accepter son sort
N'est-ce pas sans broncher
Chacun son lot de misères
Là six pieds sous terre
Je vous entends encore murmurer
Pourquoi t'évertues-tu encore à te battre ?
T'en as toujours pas marre ?
Tu sais pourtant que tu ne gagneras jamais
Contre la maladie mentale
Personne n'a jamais vaincu
Veni Vidi Vici
Y a que César qui dit ça
Face à Pompée à la bataille de Pharsale
Qui finira lui-même assassiné par Ptolémée
Comme quoi on finit tous par y passer
Auteure : Bipolaire On Air
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