Jeudi 9 novembre, j'ai subi une ablation de tachycardie jonctionnelle.
Lorsque l’on présente des accès de tachycardie, un traitement par ablation est le traitement de référence.
Mais au, fait, on enlève quoi dans le coeur ?
Et bien on n’enlève rien ! Contrairement à ce que laisse entendre le nom de cette technique, on ne retire rien du tout !
Normalement, ça se pratique en ambulatoire mais comme je vis seule et que j'étais angoissée, les admissions ont accepté de m'hospitaliser la veille.
Le Jour J, réveillée à 5h45 par l'infirmière pour la préparation après une nuit d'angoisse ! Ma psychiatre m'avait prescrit un anxiolytique la veille et le matin mais même si j'étais calme en apparence, je ressentais une énorme anxiété !
C'est un rythmologue de renom réputé pour son efficacité qui m'a opérée alors j'avais confiance et puis tout le monde m'avait dit que c'était une intervention assez courante et rapide du genre 15 mns ! Le médecin m'avait plus ou moins expliqué comment ça se passerait. Il m'avait dit que ce n'était pas douloureux en soi et que l'intervention se pratiquait sous anesthésie locale. Je me disais que ça devait être un peu comme une péridurale... Et puis, cela faisait 5 ans que j'expérimentais fréquemment des épisodes de tachycardie épouvantables, ce qui m'amenait systématiquement aux urgences. Il faut savoir qu'un passage aux urgences de nos jours peut prendre 8 heures minimum et que l'on peut être parqué dans un couloir en attendant un box ... Le dernier épisode s'est produit à la clinique psychiatrique où je séjournais le mois dernier !
La tachycardie jonctionnelle (TJ) est un emballement du cœur en provenance de la zone de jonction entre oreillettes et ventricules. En France, de nombreux médecins et patients parlent de maladie de syndrome de Bouveret, synonyme de tachycardie jonctionnelle.
Les symptômes caractéristiques sont des accélérations intempestives du rythme cardiaque à des fréquences souvent très élevées, au-dessus de 180 par minute, extrêmement anxiogènes. La réduction d'un Bouveret est compliquée lorsqu'on est seul, d'où le passage quasi systématique aux urgences.
La rythmologie est la sous spécialité de la cardiologie qui consiste aux études du trouble du rythme cardiaque et s'adresse à des patients présentant des symptômes comme des palpitations, essoufflements et/ou douleurs thoraciques.
L’ablation des troubles du rythme consiste à localiser l’origine de la tachycardie puis la destruction par radiofréquence par un cathéter qui est introduit par voie fémorale droite, un système de navigation et de cartographie 3D permet de localiser les arythmies et de guider l’ablation.
Voilà ce qu'on peut lire sur les articles médicaux au sujet d'une ablation de Bouveret : "Même si l’ablation en elle-même n’est pas physiquement douloureuse, le déclenchement des crises de tachycardie jonctionnelle provoque une stress mental significatif souvent inconfortable sous anesthésie locale pure." Ceci me paraît un euphémisme !
On m'a même fait signer un document disant que l'un des risques est le décès entre autres. Autant dire que je n'étais pas rassurée...
L'opération s'est finalement bien passée dans le sens où le rythmologue a réussi à localiser le circuit électrique dysfonctionnel — ce dont on n'est jamais sûr — mais le truc que je n'avais pas saisi, c'est que l'anesthésie locale consiste en fait à quelques injections d'un produit anesthésiant au niveau de l'aine, là où il introduit les câbles. Voilà tout ! Pour le reste du corps, on sent tout ce qui se passe. C'était beaucoup plus douloureux que je ne l'avais envisagé !
Impressionnant d'être consciente, d'entendre, de sentir les câbles dans le cœur. Ce n'est bien sûr pas une douleur comme une blessure. D'ailleurs, les médecins appellent ça de l'inconfort... Mais en fait, ça fait hyper mal quand le rythmologue déclenche la tachycardie à plusieurs reprises. Le coeur bat à 200 bpm, et tape dans la poitrine ; la douleur irradie au niveau de la pression dans le cerveau et quand enfin il localise l'endroit qu'il recherche et qu'il brûle le circuit, ben ça chauffe ! Le médecin m'avait prévenue. Et quand après tout ça, il me dit qu'on va m'injecter un produit dans la perfusion intraveineuse au niveau de la main pour accélérer le cœur une dernière fois et voir si la procédure a fonctionné, là je n'en pouvais plus et lui disais d'arrêter, ce qu'il n'a pas fait évidemment puisque c'était nécessaire. Ça a duré 2 mns et ça m'a paru long très long ! C'est comme si vous courriez un 800 m à fond tout en étant couché. Le cerveau ne comprend plus rien ! Ajoutez à ça le stress énorme d'un coeur qui bat à toute allure et l'impression d'une mort imminente, vous voyez à peu près ce que l'on peut ressentir...
Enfin, le médecin m'a parlé et m'a dit que tout allait bien ! Il était satisfait et m'a dit que je n'aurai plus ces épisodes de tachycardie extrême. Enfin que c'était efficace à 95% !
À cet instant, j'étais juste heureuse d'avoir survécu et que ce soit terminé ! Que l'opération ait été efficace et d'être en principe débarrassée de mes épisodes m'a soulagée bien sûr mais n'eût-il pas réussi, et sachant en quoi consistait vraiment l'ablation de Bouveret, je crois que je n'aurais pas eu le courage de subir une deuxième intervention...
J'avais quitté ma chambre vers 9h, l'opération avait duré une heure ce qui est relativement rapide d'après le rythmologue qui m'a dit n'avoir pas eu de difficultés durant l'exploration minutieuse et la brûlure du circuit. Je suis sortie du service du bloc opératoire vers 11h puis j'ai été tenue de ne pas bouger ma jambe droite pendant 3h pour éviter une hémorragie.
J'ai compté le nombre d'opérations que j'ai eu dans ma vie. Une dizaine quand-même... Mais toujours sous anesthésie générale alors celle-ci, je ne vais certainement pas l'oublier !
J'ai souhaité vous raconter tout ça non pas pour me plaindre ni solliciter votre pitié mais plutôt pour souligner le fait que nous, les personnes vivant avec un trouble psychique, nous sommes redoutées par le personnel soignant autre qu'en psychiatrie car nous traînons à tort cette image de patients à problèmes...
En réalité, quand je pense que j'ai un trouble bipolaire, je me dis que tout de même, j'ai vraiment été calme et coopérante durant ces trois derniers jours !
Voilà , Je suis bien rentrée chez moi et je me repose.
Bipolaire On Air
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