🤔Un proche affirme que "le patient doit avoir la volonté d'aller mieux, car personne ne peut faire les choses à sa place !"
Commentaire d'une internaute sur la page Facebook Bipolaire On Air :
Bonsoir, j'ai une fille qui souffre de bipolarité, de tendance borderline, de TCA, d'angoisse chronique. Son parcours n'est pas tragique comme celui de Guy¹ car nous sommes présents à ses côtés. Mais pour que la personne aille mieux, il est nécessaire qu'elle soit vraiment dans le soin avec tout se que cela implique. Le cadre médical ne peut pas faire les choses à la place du patient. Dans le cas de ma fille, nous sommes à 15 ans de maladie et une situation qui n'évolue pas, voire même qui s'aggrave. Donc le patient doit avoir la volonté d'aller mieux, car personne ne peut faire les choses à sa place.
Commentaire de C.
Ma réponse :
Bonsoir C.
Tout d'abord, merci beaucoup pour votre témoignage !
En effet, la question est complexe. Est-ce vraiment à la personne en souffrance de rechercher des solutions ?
Que faire pour encourager son proche à aller vers le soin ?
Aller vers le corps médical avec tout ce que cela comporte d'angoissant... Ceux et celles qui ont vécu des hospitalisations en particulier sous contrainte le savent, ça peut être un milieu très violent. On est déshumanisé.e dès l'admission sans compter les traitements dits "d'apaisement" de type contention, isolement et "tranquillisants" surpuissants ! Il y a la violence également de certains patients en phase psychotique non stabilisée comme nous-mêmes parfois. Il y a la mixité des genres, la promiscuité. Il y a la violence des gestes, des mots, des soignants parfois débordés en sous-effectifs, fatigués.
L'acceptation de l'observance des traitements aux lourds effets secondaires n'est pas évidente. Pour ma part, il m'aura fallu bien des rechutes pour que j'accepte de prendre mes traitements antipsychotiques tous les jours jusqu'à la fin de ma vie. À une époque, je tremblais tellement que je ne pouvais plus tenir ma fourchette, une tasse à café ou un stylo au boulot... J'ai pris 50 kgs. J'en ai perdu 30 depuis.
Les phases maniaques m'ont causé bien des souffrances et m'ont conduite à prendre des risques qui auraient pu m'être fatals. J'ai perdu mon mari, mes amis, mon travail ; j'ai été mise sous curatelle renforcée pendant 5 ans, mise en invalidité, divorcée, hospitalisée.
Les états dépressifs m'ont réduite à néant, une épave sans perspective mis à part le suicide.
Alors comment vous expliquer : aller vers quoi au juste lorsqu'on ne comprend pas ce qui nous arrive, lorsque notre faculté de raisonnement est piratée par ce trouble mystérieux, lorsque nos émotions débordent sans pouvoir les maîtriser, lorsque tout notre être est submergé, lorsqu'on ne dort plus ou lorsqu'on dort trop, lorsqu'on ne mange plus ou trop, lorsqu'on se noie dans l'alcool ou le cannabis, ou autres substances afin de trouver un peu de répit, lorsqu'on nous dit :"secoue-toi" ou "stop, ça suffit, tu nous fatigue" ou "tu nous ruine" !
En fait, on vit un tsunami de neurotransmetteurs en ébullition incapables de connecter, de synapses brisés. On essaie quand même tant bien que mal de donner le change et de prétendre qu'on va arriver à surmonter cette mauvaise passe mais non en fait, on est dépassé.e. La maladie mentale est vicieuse.
Ma fille aînée, elle, a vécu des périodes hallucinatoires. L'état psychotique dont on parle peu est certainement le plus déroutant pour l'esprit. Il n'y a plus de réalité à laquelle se raccrocher.
Aller vers n'est plus une option. Aller vers n'a plus de signification.
C'est à ce moment précis que l'équipe soignante doit jouer un rôle protecteur. Nous en revenons donc à notre propos de départ : que faire lorsque notre proche refuse les soins ?
Il s'agit je le crois fermement d'établir une relation de confiance entre le psychiatre et la personne enfermée dans son "trouble". Oui d'accord vous allez me rétorquer, mais si la personne s'entête à ne pas accepter de se soigner ? Eh bien, c'est au soignant de trouver la manière d'approcher la personne en souffrance et de trouver la porte d'entrée qui va faire que celle-ci comprendra petit à petit comment sa situation n'est pas figée et que oui le soignant peut l'aider à aller mieux !
Il existe des traitements efficaces, des psychothérapies intéressantes, des réseaux de professionnels dans les centres experts, les centres de réhabilitation psychosociale, et de remédiation cognitive, des psychologues spécialisés, des ergothérapeutes, des art thérapeutes, des associations telles qu'Argos 2001, ou l'UNAFAM, des groupes de parole de patients ou de patients et proches, des GEM, des Clubhouses, la Maison Perchée à Paris qui propose des visios qui s'adressent aux jeunes de moins de 40 ans, et des formations aux parents.
Oui il existe des solutions.
Ne perdez pas espoir. Il y a des soignants dévoués qui peuvent vous aider.
Autrice : Bipolaire On Air
Notes
¹🗣️Bipolarité : Combien de "Guy" existe-t-il en France ?
janvier 28, 2024
Ma réaction par rapport au témoignage de Guy au micro de La Libre Antenne d'Olivier Delacroix
https://bipolaireonair.blogspot.com/2024/01/bipolarite-combien-de-guy-existe-t-il.html
À toutes fins utiles, j'avais rédigé ces articles en lien avec le sujet :
🌊Rétablissement de la bipolarité : une histoire de "volonté" ?
février 26, 2023
https://bipolaireonair.blogspot.com/2023/02/le-retablissement-de-la-bipolarite-une.html
🫂Bipolarité: petits conseils aux patients et aux proches
février 02, 2021
https://bipolaireonair.blogspot.com/2021/02/bipolarite-petits-conseils-aux-patients.html
🫂Tu vis avec une personne concernée par la bipolarité...
décembre 27, 2020
https://bipolaireonair.blogspot.com/2020/12/tu-vis-avec-une-personne-atteinte-de.html
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